Illustration pour l'actualité IA génératives, à l’aube d’une nouvelle ère de création
08.03.2023

IA génératives, à l’aube d’une nouvelle ère de création

Au moment où tous les médias ne parlent que d'IA avec entre autres ChatGPT, Éric Martinez, UX manager chez Inoxia, nous apporte un éclairage supplémentaire et élargi sur les intelligences artificielles génératives.

Éric, qu’est-ce qu’une intelligence artificielle (IA) générative ?

C’est un algorithme très évolué capable de créer sur demande. On rédige un "prompt" (message texte indiquant à l'IA ce que l'on souhaite) et l'IA va générer un contenu visuel, un texte ou même une musique, selon son type. Il est ensuite possible de continuer à converser avec cette IA en ajoutant des informations, sources ou précisions afin d'arriver à un résultat jugé satisfaisant.

Y a -t-il plusieurs sortes d’IA ?

Chaque IA est, pour l'instant, ultra spécialisée dans un seul type de tâche. Une IA pour générer des images sera incapable de vous faire une revue de presse, vous donner la météo du jour ou vous guider pour aller à un concert.
Les techniques d'apprentissage des IA ont largement évolué avec des systèmes supervisés (l'homme vient annoter des exemples) et par renforcement (l’homme apprend à l’IA à faire des liens entre des éléments en fournissant des associations). Cependant, malgré toute cette technologie, cela reste des algorithmes… loin d'être comparable à l'intelligence d'un cerveau humain et à ce qui nous caractérise.

En tant que créatif, que penses-tu des IA permettant de créer des visuels ?

La démocratisation a commencé en 2022 avec des programmes en libre accès comme DALL-E d'OpenAI ou MidJourney. On a pu voir très rapidement fleurir sur Twitter ou Instagram des créations graphiques assez bluffantes.

Le premier problème soulevé réside sur le fait que pour leur mise au point, ces IA ont été entrainées sur un très grand nombre d'œuvres d'artistes (datasets) qui n'ont jamais cédé les droits d'utilisation pour cet usage. L'autre problème est que jusque-là, créer un visuel demandait d'avoir une sensibilité créative, une "fibre artistique" et des compétences développées au fil des années. Alors qu'avec une IA, on doit surtout savoir "comment parler à l'IA".
Il ne faut pas négliger le fait que pour avoir un résultat probant, il faut passer beaucoup de temps avec l'IA générative. Avec un prompt assez basique, les images produites restent souvent abstraites ou très génériques, loin d'un visuel réellement créatif.

Ceci n'est pas un chat ! Image générée avec l'IA de Stable Diffusion
Ceci n'est pas un chat ! Image générée au cours de mes tests avec l'IA de Stable Diffusion

On parle beaucoup de ChatGPT, au point que certains redoutent des triches massives chez les étudiants...

Avec ChatGPT-3.5 d'OpenAI, nous sommes sur une IA qui peut converser avec l'utilisateur afin de générer du texte. Toujours sur le principe du "prompt", vous lui posez une question elle vous répond par écrit. Vous pouvez lui demander de vous expliquer une notion, rédiger un résumé ou un article, créer une recette de cuisine, une histoire, même de créer du code… Vous pouvez lui préciser d'emprunter un ton en particulier, de se mettre à la place d'un expert ou au contraire d'être le plus accessible possible.

On remarque tout de même quelques limites : la version 3.5 a été entrainée avec un dataset jusqu'à 2021. Si vous lui posez une question sur un sujet trop récent, elle ne pourra y répondre, sauf à l’alimenter manuellement avec de nouveaux contenus qu’elle prendra en compte. Mais il existe déjà des services tierces qui se connectent à ChatGPT afin de lui donner un accès à internet.

En janvier Microsoft a annoncé investir 10 milliards de dollars dans ChatGPT et l’intégrer très rapidement dans ses différents services, dont leur moteur de recherche Bing. Ce qui est déjà le cas, Bing avec ChatGPT est déjà disponible pour un panel d'utilisateurs
Google a très vite réagi en dévoilant son IA nommée « Bard », qui serait directement ajoutée à son moteur de recherche, et donc à tous les contenus du web référencés. Plus récemment c'est Meta qui a pris la parole en annonçant travailler sur l'intégration d'une IA dans Facebook, Instagram et Whatsapp. 

Tout va dépendre de ce que nous en ferons...

J’ai pu lire des témoignages montrant que ChatGPT pouvait se tromper et même mentir avec un certain aplomb. Cette IA ne doit surtout pas être utilisée comme une encyclopédie ! Une IA étant entrainée sur une masse gigantesque de contenus créés par l’humain (les datasets), elle va aussi reproduire les biais de l’homme au travers de certains de ces contenus. C’est l’exemple que nous avions eu avec l’IA Tay de Microsoft en 2016, qui en quelques heures s’était mise à rédiger des tweets vulgaires, racistes... avant d’être désactivée. Avec le couple Bing + ChatGPT des premiers retours ont mis en lumière des erreurs dans les réponses de l'IA. Afin de pallier cela au plus vite, Microsoft a décidé de limiter le nombre d'interaction avec l'IA dans une même conversation. Ceci en attendant une solution plus pérenne mais qui va demander du temps en développement.

Comme à chaque nouvelle évolution technologique, tout va dépendre de ce que nous en ferons.
Des professeurs ont en effet signalé le fait que des élèves et étudiants utilisent déjà ChatGPT pour rédiger à leur place leurs travaux écrits. Maintenant la question est de savoir s'il faut l'interdire ou non. Et si c'était le cas, comment mettre en pratique cette interdiction ? OpenAI a récemment répondu qu'elle travaille sur un système permettant d’estimer si un texte provient ou non d'une IA… Pour l’instant, ce système n’est vraiment pas au point.
Ce qui est certain, c’est qu’OpenAI nous parle déjà du développement bien avancé de la version 4 capable de manipuler et générer du texte, mais aussi de l'image, du son et de la vidéo.

Imiter une voix, c’est possible ?

Oui, par exemple l'IA VALL-E arrive à lire un texte à haute voix en imitant une voix réelle existante. Il lui suffit d'un échantillon de 3 secondes d'une voix pour en reproduire le timbre et les intonations. Cela va rendre de plus en plus compliqué de discerner un vrai contenu d'un "deepfake". À l’image de ce que nous avions déjà pu voir avec la fausse vidéo de Tom Cruise sur TikTok en 2021 ou la fausse déclaration vidéo du Président ukrainien en 2022. Plus récemment, un ingénieur a démontré le fait qu'il a pu usurper sa propre voix avec une IA afin de passer un système de contrôle vocal par téléphone.

Sur un sujet moins critique, nous avons pu voir aussi l'exemple de Carrefour qui a publié des vidéos avec un Avatar récitant du texte produit par ChatGPT. Des marques s'emparent aussi des IA et commencent à mettre en place des applications pour leurs utilisateurs.

Et demain, comment s’intégrera l’IA dans nos vies ?

Cela a déjà commencé... les IA vont envahir très rapidement nos applications, nos écrans, nos lectures, nos recherches sur le web et même notre écoute.

Nous avons pu voir une série parodique diffusée en direct sur Twitch, générée par une IA ! Elle vient d’être bannie par Twitch après qu’un personnage virtuel ait prononcé une réplique à caractère transphobe. On en revient au fait que les IA reproduisent parfois les biais humains.

Depuis le début de l'année, Amazon a remarqué l'apparition de nombreux nouveaux ouvrages sur leur plateforme Kindle. Des centaines de livres écrits à l'aide de ChatGPT qui posent encore de nombreuses questions. La plupart pour le moment sans réponse sur des aspects juridiques autour de la génération de contenus par des IA. Par exemple, est-ce qu'un utilisateur d'une IA est le bénéficiaire des droits d'auteurs de ce que l'IA a produit ?

Images de plats générées par une IA
Lunchbox s'est associé à OpenAI afin de mettre à disposition un générateur de visuels de plats pour les restaurateurs

Par ailleurs, l’impact environnemental de ces IA est réel, car la plupart d’entre elles nécessitent une très grande puissance de calcul, ce qui engendre un coût énergétique, matériel et financier. A titre de comparaison, à l'heure actuelle une recherche classique sur un moteur de recherche coute 10 fois moins qu'une recherche au travers d'une IA. Rien que cette comparaison montre à quel point le fait de rendre les IA accessibles à tous et de les implémenter un peu partout engendre un impact qui va selon moi à l'encontre du Numérique Responsable. 

Sur des aspects plus positifs, on voit se pointer des usages très intéressants afin d'apporter une aide concrète à certains métiers, permettant de gagner beaucoup de temps (secteur de la recherche, santé, communication...). On voit aussi sortir de l'ombre des offres d'emploi pour de nouveaux profils "Prompt Ingeneer" qui montrent à quel point il faut des personnes aguerries pour maitriser cet "art du prompt".

Heureusement pour l'humanité, chaque personne reste unique, de par ses émotions, sa sensibilité, ses gouts et sa créativité. Ne perdons pas de vue que l’IA est un outil, qui doit avant tout aider ou accompagner l'être humain, non le supplanter.

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